Les Tripous de Naucelle

S'il est bien un village de l'Aveyron où le Tripou est roi, c'est de Naucelle au cœur du Ségala dont il s'agit.
Cette paupiette à base de tripes de veau est cuisinée dans un bouillon avec bouquet garni. Recette répandue dans toute l'Auvergne, il est normal qu'elle ait pris son essor au cœur du Ségala terre d'élevage bovin.
Mon village natal respirait cette recette traditionnelle à chaque coin de rue. Dans les années 70 chaque restaurant du village, et ils étaient nombreux dans ce bourg aux importantes foires, avait sa propre recette maison de tripous. A midi il suffisait d'arriver avec sa gamelle pour acheter les tripous fais du jour.

Les bouchers et les charcutiers avaient aussi leur recette.
L'un deux, Charles Savy, monta un jour de 1966 à la capitale du Rouergue au concours de la meilleure recette de tripous  et en revint médaillé d'or.
Dans ce que l'on n'appelait pas encore un laboratoire, à l'arrière de sa charcuterie de la route de Rodez, il commença à préparer des tripous et à les mettre en conserve pour exporter la recette médaillée bien au-delà du canton.

Au fil du temps, le succès commercial aidant, il emménagea dans des locaux plus appropriés route de la Gare pour fonder la société de conserves baptisée « La Naucelloise ». Tous les matins sur la route du collège je passais devant ce nouveau temple du tripous et réveillait mes papilles au fumet des cuissons de la tripe de veau.
En ce temps il y avait même une fête du tripou à Naucelle qui commençait par une dégustation dès le petit-déjeuner et se poursuivait tout le dimanche sur un air de musette.
Aujourd'hui les artisans locaux du tripous se sont éteints mais la société La Naucelloise dirigé par le petit-fils de Charles Savy continue à se développer et maintiens la qualité de la recette familiale pour le plus grand bonheur des amateurs.

Grammaire : en Auvergne vous lirez souvent Tripoux avec un x terminal mais à Naucelle, la famille Savy n'en démord pas, le Tripous finit en S.